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2016

client : Ecole Nationale Supérieure d’Art et de Design de Nancy

conception : Bona-Lemercier Architectes

création de mobilier pour la nouvelle École Nationale Supérieure d’Art et de Design, Nancy

 

En 2015, alors que le bâtiment qui va l’accueillir sur le nouveau site Artem est en construction, l’école supérieure d’art et de design de Nancy nous propose de concevoir le mobilier des étudiants. Nous visitons le chantier une première fois alors que le gros-œuvre vient d’être achevé, en présence de l’architecte chargé de projet et prenons alors la mesure des vastes volumes livrés bruts aux larges et nombreux cadrages sur l’environnement. Nous avons déjà conçu du mobilier mais toujours dans la continuité de projets que nous avons réalisés en tant qu’architectes. Pour la première fois, nous allions devoir le penser dans un contexte préexistant. Il est alors évident qu’il faut tirer parti du fait que le projet est en premier lieu dédié à la nouvelle école, en répondant à sa robustesse et à sa matérialité tout en se préparant à un usage intensif d’ateliers.

La volonté dans le contexte de Nancy, berceau du design au XXème siècle, qui plus est dans le cadre d’une école d’art et de design, est de ne pas interférer avec leur production, d’où le choix de partir d’un modèle archaïque comme base de déclinaison. L’objet qui va servir de modèle au développement de l’ensemble est une chaise d’église rurale du début du XXème siècle que nous trouvons parfaite pour ses proportions et sa simplicité. Cette chaise est un héritage familial et les cinq exemplaires que nous possédons font partie de notre quotidien. Nous avions en tête d’en proposer une réplique depuis bien longtemps mais l’opportunité ne s’était jamais présentée de manière aussi évidente.

Ce parti pris conservateur est compensé par l’utilisation de techniques actuelles pour leur réalisation, une manière de mettre en place un procédé qui génère de lui-même une réinterprétation contemporaine de l’objet plutôt qu’un duplicata. Nous choisissons d’utiliser les outils à commande numérique pour la découpe des pièces à réaliser, une technique que nous développons depuis le milieu des années 90 à l’apparition des premières machines de découpe assistée par ordinateur. Nous savons qu’elle peut permettre de répondre à l’urgence dans laquelle nous nous trouvons pour développer ce mobilier en une année et aux quantités commandées qui n’autorisent ni le recours aux techniques industrielles ni à une fabrication artisanale. L’emploi d’un même procédé et d’un seul matériau pour réaliser l’ensemble des meubles qu’il s’agisse des chaises, des tabourets et des bancs mais aussi des tables, établis, bureaux caisses et caissons, tableaux, est aussi une manière de ne pas surcharger l’espace et de venir appliquer une seconde couche qui, tel un agencement, tend à disparaître par son unité et par une certaine banalité. L’emploi de contreplaqué de hêtre comme unique matériau vient servir cette idée puisqu’il est déjà utilisé par les architectes pour les éléments intégrés tels que les assises de l’amphithéâtre et les paillasses d’ateliers.

La constitution de la chaise d’origine faite d’une ossature massive et d’un mince plateau de remplissage pour l’assise devait cependant nous extraire de nos précédents modèles réalisés sur la base de panneaux de contreplaqué prédécoupés assemblés. Le système à ossature se révélera plus économe en consommation de matière, plus léger mais s’avèrera beaucoup plus complexe dans l’élaboration d’assemblages à trois directions qui restent démontables. On est proche des assemblages de charpente japonaise à une échelle réduite. Malgré un appel d’offres public, la fabrication du mobilier ne s’avérera réalisable que par un seul atelier en France, tant la petite taille des pièces, la précision et la complexité des découpes nécessite les machines les plus perfectionnées et une connaissance très sûre de leur fonctionnement alliée, fait encore plus rare, à celle de l’ébénisterie pour le réglage définitif des assemblages sur la base de prototypes.

Le troisième élément qui guide le développement du projet est de lui donner une dimension pédagogique en proposant que le mobilier puisse être monté et démonté par les étudiants eux-mêmes. Nous avions en tête de poursuivre nos recherches dans l’élaboration d’assemblages réversibles ne nécessitant ni colle, ni outillage, ni quincaillerie pour faciliter l’appropriation des meubles, réduire les coûts de fabrication et pourquoi pas proposer aux étudiants une première leçon de design ou plutôt d’ébénisterie. Le corps enseignant, impliqué dès son origine dans l’élaboration du projet et particulièrement dans l’énoncé des besoins et des usages, accueille l’idée avec enthousiasme.

furniture design for the new École Nationale Supérieure d’Art et de Design, Nancy

 

In 2015, while the building that will host it on the new Artem site was under construction, the Ecole Supérieure d’art et de design de Nancy asked us to design furniture equipment for the students. We visited the site for the first time after the main structure had just been completed, in the presence of the architect in charge of the project. We had already designed furniture in the past but always as a continuity of projects that we had carried out as architects. For the first time, we had to think about it in a pre-existing context. It is therefore obvious that we had to take advantage of the fact that the project was dedicated to the new school of art, responding to its robustness and materiality while preparing for intensive use of workshops.

The desire in the context of Nancy, cradle of design in the twentieth century, within the framework of an art and design school, was not to interfere with their art and design production; hence, the choice to start from archaic model of furniture was the basis for declination. The object that used to serve as a model for the development of the ensemble was a typical rural church chair from the beginning of the 20th century that we find perfect for its proportions and simplicity. This very chair was a family heirloom and the five copies we own are part of our daily life. We always wished to come up with a replica for a long time, but the opportunity had never presented itself so obviously.

This conservative bias is offset by the use of current techniques for their realization, a way of setting up a process that itself generates a contemporary reinterpretation of the object rather than a duplicate. We chose to use numerically controlled tools for cutting the parts to be produced, a technique that we have been developing since the mid-1990s when the first computer-assisted cutting machines appeared. We knew that applying this technology we could respond to the urgency in which we found ourselves in order to deliver the furniture within a year span, since the quantity ordered did not allow the use of industrial techniques or artisanal manufacturing. The use of such manufacture process and the selection of a single material to produce all the furniture, (chairs, stools and benches, tables, workbenches, desks, boxes and boxes, tables) was also a way of not overloading the space. In addition, the idea was to employ another architectural principle of applying a second layer, which, like an arrangement, tends to disappear by its unity and by a certain banality. The use of beech plywood as the sole material served this idea as it is already used by architects for integrated elements, such as amphitheatre seats and workshop benches.

The constitution of the original chair, made of a solid frame and a thin filling plate for the seat, however, had to extract us from our previous models made on the basis of assembled pre-cut plywood panels. The frame system proved to be more economical in material consumption, lighter but was at the same time much more complex in the development of three-way assemblies, which remain removable. The structure was in the end close to the Japanese frame assemblies on a reduced scale. Despite a public call for tenders, the manufacture of the furniture was only feasible by a single workshop in France, as the small size of the parts, the precision and the complexity of the cuts required the most advanced machines and very reliable knowledge. What was even rarer had been the final adjustments of assemblies in the phase of prototyping.

The third element which guided the development of the project was to give it an educational dimension by proposing that the furniture could be assembled and dismantled by the students themselves. We had in mind to continue our research into the development of reversible assemblies requiring neither glue, nor tools, nor hardware to facilitate the appropriation of furniture, reduce manufacturing costs and why not offer students a first lesson in design. The teaching staff were involved from the beginning of the project and particularly in taking consideration into the needs and uses, and welcomed the idea with great enthusiasm.